HABITATIONS SANS FUMÉE AU QUÉBEC : UN PROJET POUR ACCOMPAGNER LA POPULATION AUX PRISES AVEC LA FUMÉE DE TABAC SECONDAIRE DES VOISINS
Un problème pour plus d’un locataire sur trois en 2022.
Montréal, le 16 mai 2022 – Un sondage Ipsos réalisé en janvier 2022 auprès de 1 544 locataires québécois.es pour Habitations sans fumée au Québec révèle que plus du tiers (35 %) des locataires est exposé aux infiltrations de fumée de tabac au domicile au moins une fois par mois, dont 19 % sur une base hebdomadaire ou quotidienne.
Plus d’un locataire sur 7 (16 %) considèrent que leur état de santé se serait aggravé en raison des infiltrations de fumée provenant de logements voisins. Parmi les effets perçus, les troubles respiratoires reviennent le plus fréquemment (77 %), suivi des allergies/larmoiements (44 %) et trouble du sommeil (41 %).
Parmi ceux ayant entrepris des démarches pour gérer les infiltrations de fumée de tabac dans leur logement, 74 % estiment l’avoir fait pour leur santé et celle de leurs proches. Cette proportion est encore plus élevée (88 %) pour les ménages avec enfant et légèrement moindre, mais tout de même significative, parmi les locataires qui fument (61 %).
Les immeubles interdisant de fumer à l’intérieur des logements sont de plus en plus répandus. En effet près de la moitié des locataires (49 %) résident dans un immeuble comportant un règlement sans fumée qui va au-delà de la loi provinciale, dont 38 % vivant dans un immeuble où il est interdit de fumer autant dans les logements que sur les balcons.
Malgré ces avancées, 40 % de ceux ayant des revenus de moins de 70 000 $ disent qu’il n’existe pas de règlement interdisant de fumer dans leur immeuble, tout comme 46 % des personnes détenant un diplôme de niveau secondaire ou moins.
« Le sondage met en évidence l’évolution qu’il y a eu ces dernières années face à la réduction de l’exposition de la fumée secondaire, y compris pour ce qui est des résidences privées multilogements. L’idée voulant que la mise en place de règlements d’immeubles interdisant de fumer constitue une source de conflit et que les fumeurs s’y opposent systématiquement est un mythe, »
explique Sandra Taniga, coordinatrice du projet Habitations sans fumée au Québec, un projet financé par le Ministère de la Santé et des Services sociaux qui vient d’être nouvellement redéployé par l’Association des intervenants en dépendances du Québec.
Malgré ces avancées, 40 % de ceux ayant des revenus de moins de 70 000 $ disent qu’il n’existe pas de règlement interdisant de fumer dans leur immeuble, tout comme 46 % des personnes détenant un diplôme de niveau secondaire ou moins.
En effet, l’adoption d’un règlement sans fumée a été une source de conflit pour seulement 10 % des locataires, surtout les ménages avec enfants.
Pour 87 % des locataires sondés, le règlement couvre l’ensemble des baux, alors que 6 % indiquent que le règlement s’applique seulement aux résidents qui signent de nouveaux baux.
Sans solution, les locataires continuent de subir des infiltrations de fumée cancérigène
Dans le contexte actuel de pénurie de logement, il n’est pas étonnant que seuls 19 % des personnes affectées par la fumée secondaire des voisins portent plainte comparativement à 74 % qui décident de taire la situation. Un locataire sur 20 (5 %) déménage, 1 locataire sur cent résilie son bail et 1 locataire sur cent porte plainte au Tribunal administratif du logement. Ainsi, peu de locataires ont la capacité de déménager ou d’exercer leurs recours faute de pouvoir trouver un logement locatif abordable alternatif qui soit garanti sans fumée.
« Bien que les dangers de l’exposition à la fumée de tabac ne soient plus à démontrer et que les autorités sanitaires reconnaissent qu’il n’y ait pas de niveau d’exposition sécuritaire à cette fumée, trop de locataires se sentent impuissants face au problème ou n’ont pas la capacité de modifier leurs situations, explique Sandra Taniga. »
« Le sondage révèle que les personnes les plus exposées aux infiltrations de fumée de tabac secondaire au domicile ont tendance à avoir des revenus faibles ou de vivre dans des contextes de vulnérabilité, n’ayant peu ou pas de possibilité de déménager. »
Parmi ceux qui ont constatés des problèmes d’infiltrations de fumée, 6 locataires sur 10 (60%) indiquent que la situation ne s’est pas dénouée : aucune démarche n’est présentement en cours et la problématique persiste.
Cette proportion est encore plus élevée pour ceux âgés de 55 ans et plus (68 % vs. 18-34 ans: 57 %; 35-54 ans : 56 %). À l’inverse, les jeunes générations sont davantage portées à indiquer que les infiltrations ont disparues (18-34 ans : 14 %; 35-54 ans : 10 % vs. 55 ans + : 5 %) et demeurent plus susceptibles d’avoir déménagé (18-34 ans : 8 %; 35-54 ans : 6 % vs. 55 ans et + : 2 %). Ensembles, ces éléments suggèrent que les locataires plus âgés sont plus souvent contraints à tolérer la problématique.
« En somme, le manque d’immeublessans fumée et de logementsabordablescontribue à creuser les inégalités sociales en santé entre les ménages les plus aisés et ceux ayant des revenus modestes.
Il importe toutefois de veiller à aussi mieux accompagner les personnes qui fument pour assurer que ces personnesaux prises avec une dépendance bénéficient de l’appui et l’aide nécessairelors de l’implantation des mesures sans fumée. Les habitations sans fumée n’ont pas pour objectif d’exclure des logements les personnes qui fument, mais plutôt d’éloigner la fumée. »
Le site d’information Habitationssansfumeeqc.org a notamment pour mission d’outiller et d’accompagner les personnes confrontées aux problèmes de fumée secondaire dans leur logement tout en recherchant l’adoption de solutions structurantes et proactives. Par exemple, il serait utile de prévoir l’intégration de politiques sans fumée pour les immeubles multi-résidences prévus dans le cadre d’AccèsLogis et du Programme d’habitations abordables Québec (PHAQ) lancé en mars 2022 par la ministre Andrée Laforest.
Contact
Habitations Sans Fumée au Québec, tél : (514) 287-9625, poste 304, courriel : info@habitationssansfumeeqc.org